ORPHEE & EURYDICE ⑴
Orphée charmant les animaux
Orphée charmant les animaux
Roelandt SAVERY
© National Galery, London

Orphée ('Oρφεύς) fils d'Oeagre, et de Calliope.
Oeagre ou Oeagros était fils d'Arès; il suivit Dionysos aux Indes et fut instruit des Mystères de Dionysos qu'il enseigna à son fils.
Calliope "à la belle voix", était la Muse de l'Eloquence et de la Poésie Epique.
Orphée fut le poète et le citharède le plus célèbre qui n'ait jamais vécu dans l'Antiquité; il fut le fondateur de l'orphisme.
On le dit aussi le fils d'Apollon et de Calliope mais il est certain qu'il fut son élève.

Orphée charmant les animaux
Orphée charmant les bêtes
(1650) Paulus POTTER
© Rijksmuseum, Amsterdam

Dès son enfance il montra de grandes dispositions pour la poésie et et la musique qu' Apollon lui fit don d'une lyre à sept cordes qu'avait conçue Hermès dans son jeune âge. Les Muses lui apprirent à en jouer et en leur honneur il rajouta deux cordes à sa lyre. Il passe pour être l'inventeur de la cithare.

Par sa musique, non seulement il attendrissait les bêtes féroces mais il charmait aussi les arbres et les rochers au point qu'ils se déplaçaient pour le suivre et l'écouter.
Il forma à son tour tous les grands musiciens de la mythologie: Musée que certains auteurs considère comme son fils , Eumolpe (ou Eumolpos), Linos qui passe pour son frère.

❖ Les Argonautes

Sirènes fuyant devant le chant d'Orphée

Lors d'un voyage en Egypte, il améliora ses connaissances sur les divinités et il découvrit les rites initiatiques et mystiques.

Jason, sur le conseil de Chiron, demanda à Orphée de se joindre aux Argonautes.
Il s'embarqua sur l'Argo pour la Colchide et sa musique et ses chants les aidèrent à vaincre de nombreuses difficultés qui se présentèrent au cours de leur expédition:
• le navire Argo descendit de lui même à la mer, entrainé par sa musique;
• il immobilisa les terribles rochers mouvants, les Symplégades, qui menaçaient de briser le navire;
• il encouragea les rameurs durant les longues journées de navigation et leur fournit la bonne cadence;
• il charma le terrible serpent, gardien de la Toison d'or.
• il vainquit les Sirènes et leurs sortilèges par la puissance et la beauté de son chant mais contrairement à leur légende, les Sirènes ne se tuèrent pas après avoir laissé l'Argo leur échapper.

❖ Eurydice

Orphee et Eurydice
Orphée et Eurydice
(et le serpent)
N. POUSSIN

A son retour, il épousa la très belle hamadryade, Eurydice et il s'installa en Thrace pour régner sur le peuple des sauvages Cicones. Le couple vécut très heureux et selon Diodore de Sicile, il eut un enfant appelé Musée qui devint le premier prêtre de Déméter à Eleusis. Mais Pausanias présente Musée comme originaire d'Athènes et fils d'Anthiphémos, alors il serait dans ce cas l'élève du musicien.
Mais ce bonheur idyllique et cet amour parfait allait être troublé par un drame atroce.

Un jour, près de Tempé, dans la vallée du fleuve Pénée, Eurydice refusa les avances d’un dieu champêtre nommé Aristée qui se mit à la pourchasser ou bien dansait-elle simplement avec des Nymphes, toujours est-il qu'elle posa malencontreusement son pied nu sur un serpent venimeux caché dans l'herbe verte qui la mordit à la cheville.
Terrassée par le poisson foudroyant la malheureuse Eurydice s'écroula sur l'herbe tendre. En vain Orphée employa le suc bienfaisant des plantes pour détruire l'effet du poison mais rien n'y fit et Eurydice mourut. Quand Orphée vit le corps inanimé d'Eurydice, blanche comme un lys, il comprit que Tanathos avait fait son oeuvre et il laissa échapper son chagrin en de longs sanglots.

❖ Orphée aux enfers

Hermès, Eurydice et Orphée
© Musée du Louvre
Orphée devant Pluton et Proserpine
François Perrier
© Musée du Louvre.

Alors Orphée, inconsolable, vit que tout était perdu il prit la terrible décision d'aller chercher Eurydice dans le royaume d'Hadès. Il se rendit à Ténare en Laconie où se situe l'entrée des Enfers et descendit courageusement au Tartare dans l'espoir de ramener son épouse.

A son arrivée, non seulement il charma le passeur Charon, le chien Cerbère et les trois Juges des Morts par sa musique, mais il interrompit momentanément les supplices des damnés: il adoucit à tel point l'insensible Hadès et son épouse Perséphone qu'il obtint la permission de ramener Eurydice dans le monde des vivants.

Il chante, et, dans ses doigts, sa lyre frémissante
Se marie aux accents de sa voix gémissante.
Autour de lui pleuraient, étonnés, attentifs,
Et les spectres muets et les mânes plaintifs...
Ni la reine des morts, ni son époux farouche,
Ne peuvent résister au charme qui les touche.

Ange-François Fariau de Saint-Ange (1747-1810)

Hadès n'y mit qu'une seule condition: Orphée ne devait pas se retourner jusqu'à ce qu'Eurydice soit revenue sous la lumière du soleil.

Orphée et Eurydice
Orphée aux enfers
(1635~38) P. RUBENS
Musée du prado, Madrid

Eurydice suivit Orphée dans le sombre passage, guidée par la musique de sa lyre; Tous deux remontaient le chemin de l'Averne. Aux portes du Ténare, lorsqu'il revit poindre à nouveau la lumière du jour, n'entendant aucun bruit et se méfiant un peu des promesses d'Hadès, il se retourna pour voir si son épouse était toujours derrière lui. Un seul coup d'oeil et il la perdit pour toujours.

Il la rappelle en vain du geste et de la voix:
Elle meurt , sans se plaindre , une seconde fois.
Et quelle plainte encore aurait-elle formée?
Est-ce un crime pour lui de l'avoir trop aimée
D'un ton faible qu'Orphée entend à peine...
Hélas! Adieu , dit-elle , et rentre aux gouffres du trépas.
(Métamorphoses, traduction de Desaintange)

Toutefois il existe une autre version écrite par Euripide et le poète d'Alexandrie Hermésianax de Colophon où Orphée ramène bien son épouse sur terre.
Platon, quant à lui, raconte la descente aux enfers mais les puissances infernales ne lui auraient laissé voir que l'ombre d'Eurydice.

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Orphée sera le premier objet de mes chants, Orphée, fruit des amours d'Eagre et de Calliope, qui lui donna le jour près du mont Pimplée. Les rochers et les fleuves sont sensibles aux accents de sa voix, et les chênes de la Piérie, attirés par les doux sons de sa lyre, le suivent en foule sur le rivage de la Thrace, où ils attestent encore le pouvoir de son art enchanteur. Ce fut par les conseils de Chiron que le fils d'Eson reçut au nombre de ses compagnons le chantre divin qui régnait sur les Bistoniens.
Apollonios, Argonautiques (I, 23 sqq).