ESTHER

Esther, enfant d'Abigaïl de la tribu de Benjamin, est une fille juive d'une grande beauté qui épousa le roi de Perse Assuérus.

Esther et Mardochée
Ferdinand BOL (c.1650)
Musée de l'Ermitage

Esther est la de la tribu de Benjamin, une des deux tribus qui constituèrent le Royaume de Juda avant sa destruction par les Babyloniens et les déportations de l'élite du royaume vers les provinces de l'empire perse.

Esther habite chez son oncle Mardochée qui est fonctionnaire au palais du roi perse Assuérus à Chouchan (Suse). Le roi vient de répudier la reine Vashti car elle a refusé de se présenter à un banquet et il cherche une nouvelle épouse. Mardochée décide de faire participer Esther à la sélection de la nouvelle reine. Esther est choisie et devient ainsi la nouvelle épouse d'Assuérus et reine de Perse. Le ministre Haman (ou Aman) qui est le fils de Hamedata, descendant d'Agag, un roi amalécite et ennemi héréditaire du peuple juif, décide d'exterminer tous les Juifs du royaume.
Esther va demander au roi d'annuler le décret de son ministre. Après un jeûne de trois jours, elle se présente au roi pour lui demander la faveur d'accepter son invitation à dîner dans sa suite avec Haman. A l'occasion d'un second dîner, elle informe le roi de sa religion et du décret Haman sur l'élimination des Juifs du royaume. Elle obtient du roi le droit pour les Juifs de se défendre le jour où ils sont attaqués et selon certains écrits, le roi dans un souci de justice va jusqu'à faire exécuter son premier ministre pour avoir failli causer un grand tort à des habitants de son empire.

Esther est vue comme un instrument de la volonté de Dieu pour empêcher la destruction du peuple juif, les protéger et leur assurer la paix pendant leur exil à Babylone.

TEXTE BIBLIQUE.

Esther
Edwin LONG

Ce livre de la Bible a été écrit, en hébreu, probablement au Ve siècle avant notre ère. L'auteur en est inconnu. Les juifs le placent parmi les hagiographes. La traduction grecque des Septante contient plusieurs fragments dont le texte hébreu a été perdu. Saint Jérôme en a inséré la traduction latine dans la Vulgate, et l'Eglise les considère comme inspirés.
Le livre d'Esther a pour sujet l'histoire de la juive dont il porte le nom. Assuérus, roi des Perses, en qui certains exégètes reconnaissent Xerxès, fils de Darius Ier, avait répudié la reine Vasthi. Il fit comparaître alors devant lui un grand nombre de jeunes filles et arrêta son choix sur une orpheline juive, appelée Edissa (myrte), qui prit, en devenant reine le nom persan d'Esther. Aman, favori du roi, avait obtenu de son maître un édit qui ordonnait l'extermination de toute la nation juive. Avant le jour marqué pour cette exécution, Assuérus apprit que Mardochée, oncle d'Esther, avait autrefois dévoilé une conjuration contre sa vie et était resté sans récompense. Il ordonna aussitôt à Aman de conduire Mardochée par toute la ville de Suse, en lui rendant les honneurs royaux. Pour se venger de cette humiliation, Aman résolut de faire périr Mardochée. Mais Esther, se présentant devant le roi au péril de sa vie, sauve à la fois Mardochée et son peuple. Aman est pendu à la potence qu'il avait fait élever pour Mardochée, et les Juifs massacrent leurs ennemis avec la permission du roi.

— La fête des Pourim fut instituée en mémoire d'Esther : elle est célébrée dans les synagogues, le 14 du mois d'adar.

TRAGEDIE.

Esther devant Assuérus
Nicolas POUSSIN (c.1650)
© Musée de l'Ermitage

Esther est une tragédie de Jean Racine, en trois actes et en vers, avec des chœurs. Mme de Maintenon pria Racine, en 1688, d'écrire, pour les élèves de Saint-Cyr, une pièce qui fût à la fois un divertissement et un enseignement.

Racine avait renoncé au théâtre depuis douze ans. Il hésita d'abord, puis, malgré l'opposition de Boileau, choisit le sujet d'Esther; il s'applaudissait de réaliser le dessein, qu'il avait depuis longtemps conçu,  de lier, comme dans les anciennes tragédies grecques, le chœur avec l'action ».

Jean-Baptiste Moreau, organiste de Saint-Cyr, écrivit la musique des chœurs. La première représentation eut lieu le 26 janvier 1689 devant le roi, Mme de Maintenon, un groupe de courtisans choisis et plusieurs évêques, parmi lesquels était Bossuet. Exercées par Racine lui-même, les demoiselles de Saint-Cyr firent merveille. C'est le 8 mars 1721 que la pièce fut représentée pour la première fois, à Paris, par les comédiens du roi.

Esther accusant Haman
Ernest NORMAND (c. 1915)

Racine a suivi exactement les événements racontés par la Bible. Il a écrit l'histoire d'une jeune fille timide et pieuse et d'un roi despote mais galant. Il y a d'ailleurs dans la pièce une étude de caractère intéressante, celle d'Aman, et dans la conduite de la pièce, dans le style, il y a l'équilibre, l'harmonie et la grâce raciniennes.

Les chœurs n'ont pas du tout, comme Racine le croyait, le caractère des chœurs grecs où l'on sent beaucoup plus l'âme collective d'un peuple ; mais ils ont du mouvement et du souffle et sont, avec ceux d'Athalie, la meilleure œuvre lyrique du XVIIe siècle.

Pierre Matthieu, dramaturge jésuite du XVIe siècle, a écrit une tragédie sur la reine Vashti.

ICONOGRAPHIE.


Cliquer sur l'image ci dessus pour voir d'autres oeuvres

L'histoire d'Esther a inspiré bon nombre d'artistes. Rappelons un tableau de Franz Franck le Jeune (Louvre), qui représente les épisodes suivants, disposés aux divers plans : le Festin d'Assuérus; Esther s'évanouissant en présence d'Assuérus; le Triomphe de Mardochée et le Supplice d'Aman. Rembrandt a peint le premier de ces sujets et, en outre, Aman implorant la faveur d'Esther, le Triomphe de Mardochée et la Condamnation d'Aman. Beauvarlet a gravé, d'après J.-B.-F. de Troy, une suite de sept estampes, représentant l'Histoire d'Esther. Claude Lorrain a peint Esther et ses suivantes se rendant au palais d'Assuérus.

Haman demande grace à Esther
Haman demandant grâce à Esther
Pieter LASTMAN (c.1618)
© Musée national de Varsovie
La pamoison d'Esther
Antoine COYPEL (c.1704)
© Musée du Louvre

Mais l'épisode qui a été le plus fréquemment représenté est celui d'Esther se présentant à Assuérus pour implorer sa clémence en faveur des Juifs et s'évanouissant au pied du trône. Parmi les artistes qui ont traité ce sujet, il nous suffira de citer : Poussin et Jean Steen (Ermitage), Rubens (quatre compositions différentes), le Tintoret (Madrid), Paul Véronèse (Louvre et Offices), Van der Neer (même musée), De Troy (gravé par Beauvarlet et par L.-J. Le Lorrain), Antoine Coypel (Louvre), Strozzi (Dresde), le Dominiquin (Saint-Silvestre, à Rome), etc.

BIBLIOGRAPHIE.

Bibliothèque virtuelle
http://www.nccri.ie